Le dernier comité de Groupe s’est tenu le vendredi 8 décembre 2023. Lors de cette rencontre, la direction générale nous a fait part de ses plus vives inquiétudes concernant la conjoncture économique dans laquelle se trouve le Groupe ainsi que toutes les entreprises du secteur privé lucratif.
Plus que jamais, le devenir de la santé privée en France est entre les mains du gouvernement qui peine à comprendre la situation dans laquelle se trouve l’ensemble du secteur au motif qu’il faut absolument ramener la France en dessous des 3 % de déficit en ce qui concerne son budget.
Parmi les sources d’inquiétude on notera :
Les incertitudes concernant la restitution du coefficient prudentiel qui n’avait été restitué en 2022 qu’à hauteur de 50 % et qui pourrait cette année ne pas être restitué du tout.
Les incertitudes concernant la restitution de la sous-exécution de l’ONDAM par le public.
Les incertitudes concernant le montant de l’enveloppe inflation promise par le Gouvernement. Cette enveloppe a été évaluée à 1,5 milliard d’euros pour l’ensemble du secteur privé et qui pour le moment ne serait accordé qu’à hauteur de 500 millions d’euros.
Les incertitudes concernant la mise en œuvre de la réforme portant sur la facturation des séjours en SSR et qui ferait perdre entre 12 et 13 millions de Chiffre d’affaires au groupe si elle est appliquée tel quelle.
Les incertitudes concernant la réévaluation du coefficient géographique pour l’Ile de France qui permet de facturer plus cher en ile de france (+ 7 %) et qui, au regard de l’inflation devrait augmenter mais qui malheureusement pourrait aussi ne pas bouger.
Les incertitudes concernant l’évolution de la garantie de financement qui pourrait en 2024 être fortement réduite pour passer à 50 % au lieu de 70% prévu initialement.
Les incertitudes concernant la transcription pour le privé des mesures GUERINI accordé aux soignants travaillant dans le public et qui ne pourront pas être accordées aux salariés du privé faute de financement ou alors au prix d'importants sacrifices.
Les Incertitudes concernant le financement de l’avenant 33 signé au niveau de la branche en 2023 et qui ne pourra pas s’appliquer faute de financement ou alors au prix d'importants sacrifices.
Selon la direction, jamais notre entreprise n’a connu autant d’incertitude en même temps.
A défaut d’un soutien gouvernemental sur tout ou partie de ces mesures, la direction nous a expliqué qu’elle serait contrainte d’adapter son offre de soins en se désengageant des activités les plus déficitaires.
C’est ainsi qu’a été évoqué le cas des maternités faisant moins de 600 accouchements par an qui pourraient être regroupées voir tout simplement fermées.
De la même manière, la direction nous a expliqué que selon les décisions qui vont être prises par le Gouvernement dans les semaines qui viennent, la direction pourrait, début 2024, annoncer des réorganisations telle que celle ayant eu lieu à la clinique LAMBERT suite à la fermeture de la clinique LA MONTAGNE ou encore telle que ce qui va se passer à la clinique BLOMET qui va, quant à elle, fermer d’ici quelques mois.
Malgré ces incertitudes, nous avons pu voir que l’activité reprenait et que nous réalisions désormais un chiffre d’affaires supérieur à celui de 2019. Ce qui n’est pas le cas dans le public.
La direction nous a expliqué que paradoxalement nous prenons désormais en charge plus de patients qu’en 2019 et réalisons un chiffre d’affaires en progression. Pour autant, l’activité n’est plus la même et nous perdons de l’argent chaque fois que nous prenons en charge des pathologies lourdes.
Lors de ce comité de Groupe, il a longuement été question de la diminution du nombre CDI et du recourt aux CDD ainsi qu’à l’intérim. Seule solution pour adapter l’activité à la demande dans une période où il est de plus en plus compliqué d’embaucher en CDI.
Les différentes organisations syndicales se sont exprimées sur le fait qu’il n’était pas normal que de plus en plus de salariés fassent le choix de démissionner de leur CDI pour revenir travailler en CDD au motif qu’ils gagnaient davantage en étant en CDD.
L’expertise réalisée par le cabinet ALLIANCE IRP a permis de montrer que par endroit, les salariés en CDD touchaient 30 % de plus que ceux en CDI (10 % de précarité + 10 % au titre des congés payés + 10 % supplémentaire).
La direction a expliqué qu’elle partageait le constat sans pour autant manifester de volonté pour enrayer le phénomène.
De la même manière, il a aussi longuement été question de la non-fidélisation des CDI. Là encore, la direction nous est apparue comme passive face à un phénomène qu’elle constate mais sans vraiment combattre.
Enfin, il a aussi été une nouvelle fois question de la subrogation. Une analyse réalisée par le cabinet ALLIANCE IRP semble montrer l’absence de lien entre le retrait de la subrogation et l’évolution du taux d’absentéisme.
La direction a sur ce point précisé que le retrait de la subrogation avait été une demande des assureurs et que le groupe n’avait pas trop eu le choix sous peine de voir les cotisations maladie augmenter de manière significative.
L’ensemble des OS a demandé si la direction avait demandé aux assureurs de prouver l’existence du lien entre le retrait de la subrogation et l’évolution du taux d’absentéisme. Pascal ROCHE a reconnu que non et s’est engagé à demander des explications aux assureurs pour le prochain comité de Groupe.
Lors de ce comité de Groupe, un focus a été fait sur le nombre de démission observé au niveau du Groupe. L’expertise a mis en évidence, l’augmentation inquiétante du nombre de démission au niveau de la branche santé mentale ou le nombre de démission observée en 2022 est largement supérieur à ce qui a été constaté dans le reste du Groupe.
Questionnée sur les raisons de cette dégradation ainsi que sur le plan d’action à venir, la direction a répondu qu’elle n’avait pas vraiment pris conscience du phénomène et annoncé que la directrice de la santé mentale viendrait assister au prochain comité de Groupe qui aura lieu en juin 2024 afin de répondre aux éventuelles questions.
Lors de ce comité de groupe, l’ensemble des OS s’est exprimé sur le fait qu’il y avait urgence à augmenter les salaires afin de limiter les départs et fidéliser les salariés.
La direction a, sur ce point, été très clair. Il n’y aura pas en 2024, d’augmentation généralisé des salaires eu égard au contexte économique dans lequel l’entreprise se trouve.
Nous avons quitté la réunion en fin de journée avec une drôle d’impression. L’impression que nous sommes peut-être à l’aube de profonds changements dans l’entreprise ainsi que dans le secteur de la santé privée qui va peut-être devoir se réinventer à marche forcée pour survivre.
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